I am what you made me

Cela faisait quelques mois à présent que j'avais découvert la véritable identité de Xue Yang. Quelques mois qu'il m'avait fait prisonnier de cette maison mortuaire et de ce village. Quelques mois qu'il s'évertuait à me briser un peu plus chaque jour.
Les premières semaines après cette découverte, j'étais totalement brisé. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. J'avais bafoué toutes mes valeurs et tout ce que je protégeais. Sans le savoir, certes, mais le résultat était bien là, et aucun mot ou aucun pardon ne pourrait changer cela. J'étais devenu un monstre. N'étais-je pas devenu, l'espace de cet instant, pire que Xue Yang lui-même ? Ces gens que j'avais juré de protéger ... J'étais devenu leur bourreau.
Les premières semaines avaient vraiment été difficiles. Me lever le matin était devenu une épreuve quasiment insurmontable, et chaque respiration devenait difficile tant le poids de la culpabilité pesait sur mes poumons. Puis j'ai commencé à trouver du réconfort dans le traitement que me faisait subir Xue Yang. La douleur expiait les fautes dans certaines religions, dans certaines cultures, pourquoi ne pas essayer de racheter mes actes passés ? Je ne pouvais visiblement pas agir pour la justice pour compenser mes massacres, prisonnier de cette ville, alors autant trouver un autre moyen de demander pardon. Mais Xue Yang semblait perdre son intérêt en ma personne. Je n'étais plus un jeu suffisant pour lui, mon manque de réaction semblait l'agacer.
Passé ces quelques semaines, un sentiment nouveau étreignit mon coeur. La colère. La rage. J'avais toujours vécu ma vie de façon droite et honnête, j'avais toujours fais passer le bien-être des autres avant le mien. Et c'est tout ce que j'avais en retour ? Devenir un assassin ? Subir cette torture continuellement ? Être l'esclave de cet homme et de mes propres hormones qui le réclamaient honteusement ? Je ne pouvais même pas ôter ma propre vie, sans quoi je mettais en danger la personne qui m'était la plus chère.
Cette rage commença à me consumer à petit feu, chaque jour un peu plus, chaque jour plus forte, plus ravageuse.

Jusqu'à ce jour. Ce jour où, pour la première fois, j'ai réellement osé m'opposer à Xue Yang. Ce jour où il m'a frôlé pour je-ne-sais-quelle-raison et où je n'ai pas même hésité une seconde avant de le repousser violemment. Il n'avait rien fait de particulier, mais mes nerfs étaient tellement à fleur de peau que ma rage parla pour moi. Je me dégoûtais moi-même, comment laisser quiconque d'autre me toucher ?

- Ne me touche pas !

Je n'avais jamais élevé la voix, c'était la première fois que celle-ci transportait autant d'émotion dans une phrase. Autant de colère et d'animosité. Je n'avais aucune idée de comment il allait réagir. Je l'avais un peu agressé pour rien.

- Ne me touche pas !
Me lançais Xiao.

Cette nervosité me surpris de la part d'un homme que j'ai toujours connu trop droit, trop parfait. C'est ça que j'aime chez lui. La moindre chose qui sort de son train quotidien ne corresponde pas à ses valeurs et puisque j'en ai aucune je pioche dans celle que je veux… Si je le souhaite je peux en avoir une différente chaque jour ! Malheureusement, toute les choses on une fin, mon Jouet à décider de ne plus agir comme d'habitude… Ces derniers temps , il semblait différent. Enervé pour un rien, violent, imprévisible peut être même cruel qui sait ? Il commence beaucoup trop me ressembler et cela m'inquiète … Peut être un effet secondaire des nombreux meurtres qu'il à fait … Possible. N'importe qui, encore plus si la personne est droite, qui perpétue ce genre de chose perd la tête . Voulant continuer de le titiller un peu jusqu'au bout je lui retorque :

- On a peur d'être accro ? Le moindre de mes regards, de mes gestes sur ta peau te rend incontrôlable. Plus tu luttes, plus cela sera douloureux pour toi, tu le sais nan ? Surtout pour la partie d'en bas ...

Non, comment pourrais-je devenir accro à lui ? Nous étions peut-être liés en tant qu’alpha et oméga, mais je refusais d’être esclave de mes hormones, surtout lorsqu’elles choisissaient un homme tel que lui. Et puis… il n’y comprenait rien. Ce n’est pas sa personne en particulier que je voulais fuir, c’était tout. Absolument tout. Le monde, ma propre personne, mon existence … J’éprouvais tant de dégoût envers moi-même.

- « Tu n’y es pas … » soupirais-je.

Je songeais un bref instant qu’il ne pouvait pas comprendre. Mais j’avais peut-être tort. C’était sans doute la personne qui comprenait le mieux ce par quoi je passais ? Quoi qu’il n’avait aucune valeur à laquelle ce tenir … la seule chose que nous avions en commun était le statut de meurtrier.

- « Comment fais-tu ? Comment réussis-tu à vivre si paisiblement malgré tous tes crimes ? »

J’aurai aimé lever le regard vers lui et voir l’expression que son visage affichait. Je n’avais que mes souvenirs pour me rappeler ce à quoi il ressemblait … et ces souvenirs commençaient à s’estomper. Était-il surpris ? Affichait-il un air hautain ? Joueur ?