Something Eternal: In the ashes of the past... (Pv: Wen Yue)

~ Something Eternal: In the ashes of the past ~

Shen Meilin avait aimé Nightless City. Son maître l’avait souvent emmené ici pour pouvoir profiter de leur magnifique bibliothèque. Certains cultivateurs Wen avaient certes beaucoup d’égo, mais sincèrement il trouvait que c’était pareil partout. Il avait aimé parcourir les rues, ressentir tout le passé de ce clan et se plonger dans son histoire. Il n’était pas intéressé par son opulence, mais vraiment par son évolution. Wen Mao était à l’origine de leur système de clan, la base de leurs communautés de cultivateurs! Il ne pensait pas avoir la capacité de dire si c’était un bon ou un mauvais système (bien qu’il avait ses idées), mais cela restait leurs fondations et les écrits de l’homme étaient intéressants. Bon, normalement il était censé faire des recherches sur les sceaux et le qi (il avait un peu dévié) il avait aussi rencontré des gens vraiment charmants et fascinants.
Puis la déchéance a commencé à apparaître avec la cruauté, les massacres et plus encore… Cela lui avait causé un grand malaise de voir un endroit qu’il aimait complètement s’effondrer malgré leur droiture originelle et devenir l'ennemi de tous. Puis la guerre avait réellement démarré et il n’avait plus l’occasion de s’occuper de telles pensées…

Ainsi, revenir sur les ruines de Nightless était un étrange mélange de mélancolie, de tristesse et de désarroi. Il ne restait que des ruines, des débris et même après 13 ans encore des marques de la bataille. Meilin s'arrêta quelques instants devant des tâches noires sur le sol, les ayant bien trop vu dans les lieux désolés. Les flammes avaient été si intense que le sang avait bouilli, marquant maintenant la pierre de noir…

Il y a quelques jours, Shen Meilin était revenu dans un village de Qishan à laquelle il prêtait ses bras au moins une fois par an. Il les aidait selon les besoins du moment, que ce soit pour une chasse nocturne sans paiement, distribuer de la nourriture ou aider à construire une maison. Les années passant le village s’était reconstruit et l’aide n’était plus réellement nécessaire, mais il avait pris l’habitude de venir. Il aimait cet endroit, c’était plutôt paisible, personne ne lui cherchait des ennuis et il avait créé une certaine complicité avec les habitants. Et personne ne disait non à une chasse nocturne gratuite pour s’assurer que rien ne traînait proche du village… Alors quand le tenancier de l’auberge vint lui raconter toutes les dernières rumeurs, ce n’était pas surprenant. Le seul fait réellement intéressant était au sujet d’un homme (Zeng quelque chose?) qui était apparu pour poser des questions sur Nightless City. Les questions étaient assez précises pour interpeller les habitants, mais surtout c’était l’apparence impressionnante de l’homme qui avait marqué. Deux jeunes femmes étaient venues participer à la conversation et maintenant il connaissait beaucoup trop de détails sur “la sublime sauvagerie de ses cheveux” et le regard digne d’un “prince des temps anciens déchu" ainsi que d’autres mots alambiqués sur son sourire et...ses mains? Enfin bref, la seule chose importante à retenir des cinq minutes de poèmes était que l’homme était grand avec un cache-oeil. Il ne s’y serait normalement pas intéressé, car certains aimés le tourisme macabre, mais le tavernier insista pour qu’il aille au moins vérifier que rien de sordide ne se passait à Nightless City (puis il lui chuchota à l’oreille qu’il pensait que c’était un démon sous forme humaine...il aimait ce village, mais des fois, ils avaient vraiment une imagination trop poussée…).

Voilà pourquoi il se retrouvait à Nightless City… Il était là sans grande conviction alors sa recherche du mystérieux prince démon s'était transformé en un pèlerinage…
Ce n’était pas la première fois qu’il revenait depuis la guerre, mais les sensations étaient toujours les mêmes. Il n’était retourné à Nightless City qu’après toutes les histoires avec le Patriarche de Yiling et la ville avait été pillée depuis un moment. Maintenant, la seule chose qu’il voyait changer c’était la végétation…

Meilin retira son regard des traces sinistres pour lever les yeux vers le palais. Là haut s’était déroulé toute la grande histoire de la triade vénérée abattant le tyran...son ami, gentil, timide et peu sûr de lui, Meng Yao, avait tué le chef de la plus grande des sectes.
Lui il avait été en bas à combattre d’autres soldats, d’autres hommes, dans la petite histoire et… Il souffla, baissant les yeux. Il avait encore perdu beaucoup d’amis ce jour-là et surtout...Wo Qianqiu.
Encore une fois, comme chaque année, ses pas le menaient là où il ne voulait surtout pas aller. L’angle pointu de ce mur et ce puits effondré… Là il avait vu son amant, le père de son enfant être abattu par deux guerriers Wen. Son corps était tombé et il n’avait pas pu l’approcher pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce que Meng Yao donne le coup fatal. Inconscient des cris de victoires qui traversaient l’armée, il s’était précipité en larme vers son Qiu-ge n’ayant qu’un instant pour voir le dernier éclat de vie avant qu’il ne serre un corps mort contre lui...

L’omega avait fait son deuil depuis tant d'années, mais revenir sur les lieux, qu’importe le nombre de fois qu’il l’avait fait, rouvrait sa blessure. Les larmes lui montèrent aux yeux et ses mains vinrent instinctivement tenir son ventre trop plat. Il lui fallut plusieurs longues respirations pour s'empêcher de se briser à nouveau, mais il réussit finalement à se redresser assez pour pousser ses jambes à le mener ailleurs. Une main toujours son ventre et l’autre portant sa main à ses lèvres, il se concentra sur le tissu doux et confortable entre ses doigts. Il n’était pas à la guerre, il n’y avait ni odeur de sang, ni de fumée, seulement l’odeur réconfortante de ses vêtements. Le toucher doux et non rugueux fini de l’ancrer dans le présent. Quand il reprit réellement conscience de son environnement, il avait déjà fait beaucoup de distance…
Meilin se gronda mentalement, c’était inconscient de sa part d’être aussi peu sur ses gardes dans un endroit avec un tel passif...surtout qu’il était censé chercher quelqu’un de suspect. Mais il ne se leurrait pas, il avait abandonné le but de surveiller les environs dès qu’il était rentré dans la ville. Les souvenirs bons et mauvais, le distrayaient de tout…

Alors, quitte à avoir abandonné sa pseudo mission, il décida de continuer son pèlerinage. Ses pas l'avaient déjà mené à sa prochaine étape et il lui fallut moins d’une minute pour passer l’arche de la bibliothèque. C’était toujours un choc de voir ce lieu vidé de tout son savoir, de toutes ses richesses perdues entre les mains des hommes avides.
Quand il était revenu pour la première fois, la bibliothèque était déjà vide et il n’avait pu trouver que des feuilles volantes et un rouleau de poésie coincé entre deux planches. Les feuilles n’étaient que des informations incomplètes et diverses, seul le rouleau de poésie lui était familier. Maintenant il l’avait tellement lu, qu’il ne se souvenait plus d’où était venu ce sentiment…
A ce jour, il ne restait absolument aucune feuille...C’était un désert triste, un dernier coup de grâce pour la secte de Qishan Wen…

Shen Meilin laissa ses doigts glissés sur une étagère qu’il savait autrefois remplis de connaissances bien précises qu’il avait lu et relu en tentant de les retenir par cœur faute d’y avoir accès autant qu’il le voulait. Il approcha d’un coin, autre fois calme et cosi, à moitié caché par des tentures qui n’existent plus… Il aimait se mettre à cet endroit quand il était encore un adolescent et que son maître lui laissait champ libre dans la bibliothèque, car il pouvait lire tout en se calant contre la fenêtre donnant sur un jardin. Des souvenirs plus doux lui revenaient en mémoire, le faisant sourire avec mélancolie alors qu’il venait toucher les montants de la fenêtre. Un souvenir l’avait toujours marqué, celui d’un enfant aux robes riches qui l'avait approché, les yeux brillants alors qu’il cherchait une odeur qui lui semblait envoutante. C’était un souvenir agréable où il avait fini par passer du temps avec un enfant incroyablement intelligent à discuter et plaisanter...C’était agréable de s’en souvenir, de plus il avait pu revoir l’enfant devenu adolescent lors d’une chasse nocturne quelques années plus tard, il avait tellement grandi!...mais maintenant, il était sûrement mort pendant la guerre...

Son sourire disparut à nouveau et Meilin laissa sa main tomber de la fenêtre… Oui, il ne restait que tristesse ici...

~ Something Eternal ~

- Chapter 1 -
In the ashes of the past

Wen Yue posa un pied sous la grande porte rouge qui délimitait l'entrée de ce qui fut autrefois la somptueuse Nightless City. Par ce simple geste, il témoignait de son retour dans cette ville qu'il avait détestée, qui avait été le théâtre qu'une constante menace pour ses pères et lui-même. Les souvenirs d'une angoisse à la simple mention de son oncle. Mais depuis son retour dans la plaine centrale, il avait ressenti le besoin de revenir ici, de voir de ses propres yeux le désastre qu'avait entraîné l'arrogance de son clan.

Tout au long du chemin vers l'enfer de son enfance, Yue avait pris le temps de se renseigner sur les événements passés de ses treize dernières années. La lettre qu'il avait retrouvée dans les affaires de ses pères, était bien trop succincte et s'il voulait reconstruire sa secte en toute sécurité, il devait obtenir de plus ample informations. Hélas, chaque version de l'histoire divergé. Suivant les conteurs, les rumeurs, les avis personnels des "bien pensants", Yue se retrouvait à croiser et recroiser les informations et à démêler le vrai du faux. Malgré de nombreuse zones d’ombres, la constante restait que tous les Wen, cultivateurs ou non, étaient des êtres malfaisants et avaient mérité leurs sorts, tout autant que ce cultivateur talentueux, Wei Wuxian, qui avaient essayé de les aider avec sa cultivation démoniaque.

Si ce second point mettait Yue mal à l'aise, en même temps qu'il éveillait l'intérêt de la chose tapie dans son œil, le premier faisait naître en lui une colère sourde, qu'il s'efforçait de cacher. Pour le moment. Car des êtres innocents avaient été torturés et massacrés en toute impunité, pour la simple raison de porter le mauvais nom, le sien, et le jeune héritier compté bien leur faire justice.

Lors de sa dernière étape, dans un petit village de Qishan, les discutions sur le sujet étaient plus modérées. Vivant à côté, les gens de la région avaient bien connu les habitants de Nightless City, autant les bons que les mauvais. Ils n'hésitaient pas à déclarer leur soulagement d'être libéré du joug de Wen Ruohan et de son clan, mais certains laissaient parfois échapper leur regrettait sur la disparition de tel ou tel Wen qu'ils avaient bien connu. Ces petits aveux avait apaisé Yue, suffisamment pour se laisser distraire en flirtant avec deux jeunes femmes qui l'avaient approché dans la taverne du village. L'une d'elle avait même proposé, à mi-voix pour que lui seul l'entende, de venir réchauffer sa couche. Yue s'était contenté de sourire et de gentiment lui attraper la main de la sienne pour y déposer un baiser. « Pas aujourd'hui » Il n'avait pas l'esprit à ça, ses pensées trop occupées par ce qui l'attendait. « A mon retour peut-être » Peut-être qu'il serait plus enclin à se laisser aller entre des bras et des cuisses chaudes pour oublier ce qu'il aurait vu.

Pour oublier ce qu'il voyait maintenant.

Passant complètement l'entrée et avançant sur la grande place tel un héritier prenant possession de son royaume déchut, il promena son regard autour de lui. Il comprenait maintenant l'effroi des personnes qui lui avaient raconté le déroulement des deux batailles qui s'étaient tenu ici-même. Les lieux étaient propres de toutes traces de sangs, nettoyé par le temps et les intempéries. L'énergie spirituelle qui l'entourait aussi : les cultivateurs qui s'étaient occupés de purifier les lieux de toute énergie hostile avaient fait du bon travail. Mais ces treize dernières années n'avaient pas suffi à effacer les marques de combats toujours visibles. Dans la pierre et dans le bois, sur le sol, les murs et les quelques colonnes. Elles ne laissaient aucun doute sur la virulence des combats qui avaient eu lieu ici. Il avait connu d'autres guerres, d'autres champs de batailles, et toutes présentées les mêmes stigmates qu'il avait appris à reconnaître.

Se blindant de sa carapace qu'il s'était créées lors de ses années de guerres dans les royaumes du nord, il garda un visage impassible devant le triste spectacle qui se présentait à lui au fur est à mesure qu'il s’enfonçait dans la cité. Mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir de l'amertume face à la bêtise de son oncle et à la celle des autres chefs de sectes. Et envers son père aussi, Wen Xie. Il ne savait plus s’il devait lui être reconnaissant de l’avoir éloigné de toute cette folie ou lui en vouloir d’avoir fuis ses responsabilités face à un frère devenu fou.

Yue évita soigneusement le palace du Soleil et des Flames, ancien antre de son oncle, et se dirigea vers le pavillon où il avait vécu avec ses parents. A l'intérieur, seul le chaos régnait : tout ce qui n'avait pas été pillé au titre de « butins de guerre » était ruiné. Une table basse renversée, des vases brisés, des pinceaux écrasés. Il se pencha vers le sol pour ramasser un pot d'encens. Le souvenir des volutes de fumées s'en échappant pendant qu'il apprenait à écrire et dessiner le rendit nostalgique. Même s'il avait détesté cette cité, ce pavillon renfermé tout de même de bons souvenirs. Portant le regard vers le lit de ses pères, l'endroit même où était né, il eut un pincement au cœur en voyant la structure du ciel de lit effondré sur le matelas, cet espace d'amour et de bonheur profané. Finalement, il se dirigea vers ce qui avait été son coin, de l'autre côté de l'espace central du pavillon, endroit le moins ravagé de l'habitation. Les pilleurs de guerre ne prêtaient pas une grande attention aux affaires d'enfants. Il s'allongea sur son petit lit, prévu pour une seule personne, ses pieds dépassant de l'extrémité. Perdu dans ses pensées, il balança distraitement du bout des doigts un mobile savamment ouvragé, représentant l'Oiseau Vermillon du Sud. Épargné, seule une de ses ailes avait le bout cassé.

S'il voulait reconstruire sa secte pour que les techniques uniques de cultivation des Wen perdurent, il allait avoir besoin de retrouver les rouleaux et manuscrits qui l'enseignaient. Il pouvait lui-même rédiger celles qu'il connaissait déjà, mais ce n'était pas suffisant. Malgré toute son assurance et son arrogance naturelle, il n'avait pas la prétention de penser qu'il les connaissait toutes. Il se doutait que la Grande Bibliothèque avait dû, elle aussi, être pillés par les autres sectes et les voyageurs de passages, mais peut-être restait-il des documents bien cachés dans les coins sombres et oubliés de quelques étagères ? Si ce n'était pas le cas, il ne se gênerait pas pour aller demander ses biens aux autres clans, voir même les récupérer par ses propres moyens si nécessaire. Ses réflexions lui firent froncer les sourcils à la possibilité que ces manuscrits avaient tout simplement pu être détruits, brûlés, perdus à jamais. Il détestait cette pensée. Attrapant le mobile, désireux de conserver l'objet, il quitta le pavillon pour se rendant au somptueux édifice qui hébergé la Grande Bibliothèque du Nightless City.

Alors qu'il s'approchait du grand pavillon, il la sentit avant même de passer la porte. Une odeur enivrante et familière l'envahie au plus profond de son être. Intrigué par cette présence dans cette triste cité abandonnée et captivé par le doux parfum qui l'attirait, il mit un instant de côté ceux pourquoi il était venu et rechercha d'un pas calme cette personne à travers les allées que formaient les étagères vides. Se laissant guider par cette fragrance, il se revit, il y avait des années de cela, petit bonhomme courant dans ces mêmes allées, pour la même raison et les souvenirs remontèrent à la surface. Un visage doux, des mots échangés, des rires, et un sentiment de bien être.

***

Le petit Yue vagabondait dans les rayonnages de la Grande Bibliothèque de Nightless City lorsqu'il s'en aperçut. Cette odeur. Elle sentait comme les pleines fleuries où il aimait courir, comme les bonbons qu'il aimait manger, comme son encre à dessin qu'il se mettait partout sur les doigts et le visage. C'était Wouah. Il fallait qu'il la cherche, qu'il la trouve. Parce que c'était trop fort pour ne pas qu'il sache d'où ça vienne. Et au détour d'une allée, il le vit. Il s'approcha du "grand", parce que tout le monde était grand pour ce petit bonhomme de huit ans, et tira sur la manche de l'uniforme du jeune garçon pour attirer son attention. "Dis, tu le sens toi aussi? C'est tout sucré et sauvage, et épique et merveilleux. C'est tout wouah! Tu le sens toi aussi ??" Ses mots et ses pensées étaient tout emmêlés, parce qu'il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais il savait que cela venait de l'adolescent qui tenait un rouleau entre ses mains. Et il ne voulait pas le quitter. Intrigué, il se pencha pour mieux voir ce qu'il lisait. « C'est quoi ? De la poésie? C'est parfois compliqué la poésie, mais je les comprends quand mes pères me l'expliquent. Tu me peux raconter ce poème ? Oh fait, je m'appelle Wen Yue. Et toi ?» Et c'est ainsi qu'il était resté collé au jeune cultivateur, ne voulant pas se séparer de cette odeur et de ce sentiment de sérénité qu'elle lui apportait.

***

Yue le reconnu dès qu'il le retrouva adossé à une fenêtre, le regard tourné vers l'extérieur. Il prit le temps d'observer le bel homme dont les rayons du soleil révélaient la douceur de ses traits, encadré par de longs cheveux. Il avait changé, ce qui était normal après toutes ses années, mais la bienveillance et la sévérité qu'il avait connue autrefois sur ce visage, était à l'instant empli d'une grande tristesse. Ce qui lui serra le cœur. Instinctivement, il ressentit une irrésistible envie de le prendre dans ses bras pour lui dire que tout allez bien, qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Mais il se retint. Proférer de telles paroles alors qu'il ne connaissait pas les raisons de cette mélancolie, ne seraient que mensonges. Il préféra s'approcha doucement, le mobile tintant contre son sabre, et laissa une distance respectable entre eux avant de souffler ce nom qui lui revenait en mémoire.

« Shen Meilin »

Il fut bouleversé par le sentiment de complétude lorsqu'il prononça ces deux mots. Puis au milieu de leurs fragrances qui s'entremêlaient, il le ressentit pour la toute première fois. Ce lien tenu qui les reliait, étiré à l'extrême par le temps et la distance, mais résistant et éternel. Yue le sentait briller d'une douce chaleur, ne demandant qu'à grandir et être nourri. Alors, le jeune homme comprit. Le lien d'âmes sœurs.
Il ne put retenir le petit sourire qui prit naissance sur ses lèvres et ferma les yeux en murmurent cette phrase qui prenait tout son sens maintenant. « Tu le sens toi aussi ? »
Il rouvrit les yeux et s’avança à nouveau de quelques pas. L'œil brillant d'anticipation, il récita ces quelques phrases d'un poème que Shen Meilin lui-même lui avait appris, les modifiant pour exprimer ses pensées troubles.

« I lived at the upper end of the river,
And at the lower end lived you ;
Now that the river is dry,
Did our sorrow come to an end ? »

C’était une véritable question. Tout cela était nouveau pour Yue et il était curieux de connaître les pensées de l’autre homme dont il n’arrivait pas à détacher le regard.

C'est le tintement qui fit réagir Shen Meilin en premier, sa main volant instinctivement vers la garde de Huang hua en maudissant son inattention. Il s’était encore laissé prendre par les souvenirs d’un passé bien lointain, incapable de se détacher de ce qui l’entourait. Les ennemis d’antan avaient été vaincus, mais aussi désolée et nettoyée qu’elle le soit la ville pouvait toujours accueillir des personnes mal attentionnés. Il s’arracha à ses souvenirs violemment, ses réflexes virulents de Nie faisant vrombir sa peau…mais tout s'arrêta avant même que la lame du sabre n'apparaisse. L’odeur de l’inconnu lui parvint dans un souffle d’air profond et le désorienta immédiatement.
Un homme inconnu se tenait devant lui, comme lui-même pris dans une sorte d’état de transe. Meilin aurait dû se sentir terrifié, acculé, mais tout son corps se détendit comme si il reconnaissait un ami. Pourtant rien ne lui permettait de reconnaître immédiatement l’homme pourtant inoubliable. Une nouvelle inspiration surprise lui apporta plus de son odeur qui déferla sur lui comme une puissante vague à couper le souffle. C’était comme si quelques chose grandissait soudainement en lui. Quelque chose de chaud qui s'épanouissait dans son ventre jusqu’à caresser sa peau, embrouillant son esprit et sa raison. Le monde devint flou un instant avant de se condenser dans l’inconnu devant lui…non…pas un inconnu…l’odeur était une évidence, même si elle n’avait jamais eu cette empleur…Wen Sheng… Il était là…

Il prononça son nom comme si il contenait toutes les réponses…l’enfant se souvenait de lui…Le wen fermit son regard, lui aussi plongeait dans les souvenirs d’il y a longtemps et il reposa cette même question.
“Tu le sens toi aussi?”
Et cette fois çi, il pouvait répondre.

"Je sens … l'odeur d'un feu chaleureux protégeant du monde…le parfum de l’herbes au matin encore couverte de rosée…je te sens…” il murmura en retour, comprenant enfin ce que le garçon avait recherché avec autant d’ardeur à leur rencontre.

Son odeur était comme une couverture chaude et lourde. Il avait la sensation que l'air roulait sur sa peau comme le souffle rassurant d'un amant attentionné.
C'était cette même odeur qu'il avait sentie il y a si longtemps, mais ses accents étaient devenus matures et francs. La fraîcheur de l’enfance avait disparu pour laisser le parfum d’un alpha pleinement adulte et au plus haut de sa force. L’odeur semblait enfin complète, s’assemblant avec la sienne totalement, révélant ce qu’il avait ignoré pendant d’année, mais qui expliquait beaucoup de choses dans sa vie.

Sa main se porta à sa poitrine comme si il pouvait sentir la preuve tangible du lien qui venait d’apparaître…non, du lien qui venait de se réveiller. Il avait toujours été là en réalité, laissant une sensation de vide et d’abandon même si Meilin n’avait pas conscience de son existence.

“Xiao Wen…" il murmura avec réalisation le petit surnom affectueux donné il y a bien longtemps.
La rondeur des joues et l’innocence de son sourire n’étaient plus là… il pouvait reconnaître la beauté de ses traits et la forme acérée de son regard, mais sans leur lien il n’aurait jamais pu réaliser que l’enfant d'autrefois était devenu l'impressionnant homme devant lui. Il avait sans nul doute cette aura imposante des êtres voués à de grands destins. Même sa coiffure négligée semblait simplement compléter le tableau de sa prestance. En d’autres circonstances, sans ce sentiment d’appartenance, il aurait certainement eu peur de lui. L’aura alpha terrifiante aurait dû faire sonner toutes les alarmes dans son esprit, mais non…cette aura étouffante semblait seulement réconfortante pour lui, comme un cocon protecteur qui l’invitait à se rapprocher. Comment un homme, se tenant juste là pouvait éveiller tant de choses en lui?
Son âme sœur… aussi troublant, étrange et surprenant que cela soit…il savait que son âme sœur se trouvait devant lui…

Toujours dans un état second, pris dans ce moment hors du temps, il répondit au poème appris il y a longtemps.

“Only may your heart be like mine
My love for you will not be in vain…”

Une réponse douce, la suite du poème, mais aussi une acception de ce lien déjà présent. Cela ne promettait pas un avenir radieux, une résolution de leurs problèmes, mais si leurs coeurs battaient en harmonie alors tout serait différent. Il avait vu une paire d'âmes sœurs être détruite par la vie, suppliciée par le monde, condamnée à la mort et à la solitude…mais il avait aussi vu ce lien, cet amour si fort pourtant inavoué. Il croyait en ce lien, même s’il ne pouvait pas comprendre pourquoi, lui qui n’était rien, avait droit à ce don là…
Il y avait devant lui ce garçon sorti des cendres, un homme d’une secte massacré marchant parmi les ruines et ayant le pouvoir de bouleverser leur monde…son âme sœur…
Il était toujours perdu dans cet état d'hébétude, comme si ses yeux voyaient pour la première fois, comme si son cœur battait à nouveau, comme si le monde n’avait plus besoin de questions et qu’il était enfin entier. Les doutes ne semblaient pas pouvoir exister alors que ses yeux traçaient son visage, la courbe élégante de sa mâchoire, ses lèvres légèrement relevées à la fois douces et canailles…

Réalisant qu’il s’était lui-même avancé, Meilin secoua légèrement la tête pour tenter de s’échapper de cette fascination soudaine. Il réussit, un petit peu. Il reprit juste assez ses esprits pour réaliser que le petit Wen avait survécu comme il l’avait espéré en secret. Il était là, devant lui, abîmé par la vie, mais ici…

"Xiao Wen…" il répéta encore, continuant de l’observer… ”Xiao Wen est ici…” Ne pouvant se retenir, il tendit lentement la main désirant glisser ses doigts sur sa joue comme pour se prouver qu’il était bien là. “Je n'osais pas espérer…" il ne finit pas sa phrase “...mais tu es là, grand, fort…séduisant les damoiselles comme un prince interdit et rendant jaloux les aubergistes, hm? ” il fini, parlant toujours bas, mais ne pouvant retenir la taquinerie, toujours trop pris dans le moment pour comprendre l’ampleur du retour de l’héritier Wen. Wen Sheng était en vie et c’était tout ce qui comptait…

Something Eternal: In the ashes of the past... (Pv: Wen Yue)

Nos partenaires